Résumé:
Depuis leur mariage, Clara et Nicolas ont tout pour être heureux. Ils vivent dans une magnifique maison dans le pays de Gex, entre Jura et Léman. Ils ont tous les deux un travail qu’ils aiment et ils attendent un enfant. Pourtant, les premières affres de la grossesse et les tensions qui s’accumulent dans leur couple pour des broutilles déstabilisent Clara qui n’ose se confier à sa famille. Lorsqu’elle apprend qu’une plainte pour harcèlement au travail a été déposée contre son mari par une de ses anciennes secrétaires, c’est la stupéfaction. Mais Clara est décidée à aider son mari à prouver son innocence.
Tandis que l’enquête, conduite par une jeune gendarme déterminée à découvrir la vérité, s’oriente vers le passé de Nicolas et dévoile à Clara des pans de vie sombres et inconnus, ses certitudes sont ébranlées. Et si son mari est bien coupable de ce dont on l’accuse ? Et si elle aussi se trouve en danger ?
Dans Le Chant de la Grenouille, Sandrine Meilland-Rey décrit avec justesse les mécanismes de l’emprise et de la perversion qui constituent les deux piliers de la violence psychologique dans le couple. Ce roman se veut une aide pour celles et ceux qui sont piégés dans une relation toxique mais aussi pour leurs proches bien souvent impuissants, en permettant la prise de conscience qu’un autre avenir est possible.
Mon avis:
Les grandes lignes de l'histoire sont dévoilées dans ce résumé donc je m'attendais à davantage de détails dans le roman de 412 pages, mais en fait pas tant que ça. On revient par épisodes sur l'enfance chaotique de Nicolas et de Julie, notamment la séparation de leurs parents, avec un père effacé mais aimant d'un côté, et une mère dominante et culpabilisante de l'autre.
Quelques anecdotes de-ci de-là, puis quand l'un reste avec maman et l'autre part vivre avec papa, c'est la rupture dans la tête de Nicolas. Il voit son père comme un lâche, un traitre qui a abandonné sa mère et qui préfère sa soeur et le fils de sa nouvelle compagne à lui. Il est jaloux et rancunier, et sa haine est encouragée par sa mère pendant de nombreuses années.
Adulte, Nicolas maltraite moralement la plupart des femmes qui l'entourent et semble trouver cela normal. Il est toujours au-dessus de tout reproche et se victimise. Au boulot il ne fait aucun effort pour cacher son animosité envers les femmes, et à la maison c'est la métaphore de la grenouille avec Mélissa, puis Clara sa deuxième épouse.
Ces deux-là d'ailleurs se sont mariés après une courte relation, et Clara est tombée enceinte très rapidement. Elle ne connait absolument pas son fiancé quand elle l'épouse et dès le départ elle m'apparaît comme manquant clairement de discernement, à tel point que je n'ai pas ressenti particulièrement d'empathie pour elle. Je l'ai trouvée inintéressante et trop naïve. Le fait d'évoquer la santé fragile de son père n'était pas pertinent selon moi, et sa relation idyllique avec sa soeur aînée sonnait providentiel voire carrément faux dans cette histoire d'emprise psychologique. Toutes les femmes maltraitées n'ont malheureusement pas cette aide miraculeuse ...
Je n'ai pas trouvé pertinent non plus de parler de la vie personnelle de Lucie la gendarme et de la santé défaillante de son père malade d'Alzheimer. Franchement dans ce contexte, on s'en fiche.
En fait pour être honnête, j'aurai préféré que Mélissa soit le personnage central, avec sa vérité toute crue et sa fin tragique. Elle a été isolée petit à petit, elle n'avait que sa mère, elle a tenté de construire une relation amoureuse sur plusieurs années avec Nicolas, c'est elle la grenouille dont j'aurai voulu lire l'histoire, l'héroïne posthume de Clara en quelque sorte.
Pour finir, le happy end proposé ici ne m'a même pas réjoui, tant il m'a semblé bizarre comme dans "Le choix du bonheur". On ne sait même pas ce que devient Nicolas, et c'est bien dommage je trouve. Prison? suicide? acquittement? nouvelle proie dans le collimateur? suivi psychologique? Que devient un pervers narcissique démasqué ? Est-il puni par la loi, ou même le karma?
Pour moi l'auteure ne raconte pas la bonne histoire. Dommage.