vendredi 5 janvier 2018

Le corps exquis - Poppy Z. Brite

Aujourd'hui dans la tête de Kate, j'ai partagé un repas particulier en compagnie d'amis gays ... Vous allez comprendre en lisant la suite.


Résumé:
Perversion des âmes et poésie du macabre au service d'une des fictions les plus noires jamais publiées sur les serial killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne.

Mon avis: Quand j'indiquais dernièrement à mon entourage le nom de ma lecture du moment, je devais m'y reprendre à deux fois car j'avais tout le temps envie de dire "Cadavre exquis". Ce problème de mémoire n'en est pas vraiment un puisque de cadavres, ce livre en parle beaucoup.
Et il ne m'apparaît pas exquis mais bien dégoûtant, visqueux et puant, tandis que pour d'autres, comme nos chers protagonistes Jay et Andrew, un cadavre refoule des miasmes enivrants et offre une chair tendre et savoureuse.
Bref, avant d'entrer dans les détails de mes sentiments au fil de ma lecture, je voudrais parler basiquement de la structure du roman et du déroulement de l'histoire.

J'ai adoré découvrir Andrew en prison puis son évasion astucieuse et sanglante. J'avais hâte de le voir massacrer de nouvelles victimes de l'autre côté de l'Atlantique, mais il a fallu attendre plus de la moitié du livre pour le revoir. Ce fut pour moi une très grosse déception, car j'attendais une sorte de biographie de ce serial killer fictif, suivie d'une renaissance meurtrière tambour battant, mais il n'en fut rien.
En attendant de revoir Andrew, je découvre Jay, autre serial killer, nécrophile et cannibale. Il torture et découpe un drogué paumé nommé Fido, et craque pour un certain Tran, avant de rencontrer l'amour de sa vie (c'est lui qui le dit) en la personne d'Andrew.
Mais avant de lire jusqu'où leur relation aussi soudaine qu'incroyable va les mener, on subit l'histoire sans grand intérêt de Tran et de Luke, amants maudits et drogués, l'un mourant à petit feu du VIH, l'autre vivant avec le spectre d'une mort inéluctable au dessus de la tête.
Les parties de sexe sont crues, bien détaillées, presque douloureuses pour le lecteur, bien que les amants semblent apprécier.
Dans toute cette première moitié du roman, on évoque les ravages du Sida en termes d'exclusion sociale, de soins médicaux exorbitants, de morts lentes et douloureuses. L'action se passe au début des années 90, quand on imagine encore qu'une poignée de main ou la salive peuvent vous contaminer. Les gays sont bien sûr la cible principale. Cela m'a fait penser au magnifique film Philadelphia, mais la ressemblance s'arrête là.

Concernant mes sentiments, contrairement à d'autres lecteurs je n'ai pas eu les boyaux retournés en lisant ce livre. Je pense avoir un switch dans la tête qui me permet de me mettre en mode fiction ou en mode réalité. (J'ai été bien plus choquée par exemple par les actes de Gerard Schaeffer racontés par Stéphane Bourgouin).
Bien sûr qu'on "sent" les effluves qui se dégagent des corps fraîchement tranchés et qu'on "entend" les os craquer, mais on est autant "secoué" par les sodomies à répétitions.
Je ne suis donc pas certaine que le sang, la chair fraîche et la putréfaction soient vraiment ce qui dérange le plus les lecteurs...
Pour finir, comme on n'entre pas franchement dans l'esprit d'un serial killer, qu'on ne nous donne pas clairement d'explications ou d'antécédents, que la psychologie est quasi inexistante, je ne comprends pas bien le but de ce livre et ce qu'il est censé m'apporter.
En résumé c'est l'histoire de deux serial killers gays qui oeuvrent chacun de leur côté se croyant presque uniques avant de se rencontrer, de tomber amoureux, et de commettre deux crimes ensemble. Mouais ... passionnant ...

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